La mélancolie pour souffle à la vie Melancolie.jpgIl faut saisir la mélancolie à bras le corps parce qu’installée, elle est là, présente, sous chaque pas, derrière chaque geste, au moindre regard. Ce n’est pas qu’elle se cache, mais plutôt la refusons-nous. Ce refus n’en est pas moins ce qui la grève et alors elle est comme pesante, de plus en plus, au fur et à mesure que l’on se débat. Le pas se fait plus lourd, le geste malhabile, et le regard s’attriste. Ce n’est pourtant sa faute à elle, la mélancolie. Elle ne fait que répondre à l’angoisse, et peut-être est-elle la meilleure des réponses, ou bien la plus supportable une fois que la conscience s’est saisie du drame qui nous attend. Mourir est dramatique. On sait cela à un moment de son existence. Cela nous tombe dessus, sans prévenir, sans que l’on y soit préparé non plus. Auparavant les jours se suivaient sans crier gare, sans protestation, sans effort. Tout à coup, la lucidité s’est faite acérée comme une lame se plantant dans les flancs. On met un genou à terre, c’est bien normal. Plus rien ne sera jamais comme avant, peut-on dire désespérément. Ou alors tout sera différent, nouveau, plus riche parce que nous sommes si périssables et maintenant nous le savons. La mort valorise tout ce qui est à condition de l’entrevoir. Telle est sa place, non des moindres certes, mais laissons là où elle est. La mélancolie n’est pas son air ; elle souffle à la vie son essentialité.